La Canarde sauvage
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LES MOTS POUR LE DIRE

C’est réciproque

mardi 12 septembre 2017

Moi aussi, je ne thème plus ! Je ne peux plus t’encadrer. Tes sujets tout tracés, tout le temps, occupant tout l’espace, sonnent comme la volonté capitaliste de tout diriger voire digérer. Si nous parlions à travers toi de nos aspirations, de nos désirs communs après avoir décidé collectivement de ce que nous ne voulons pas, je n’dirais pas. Si nous décrivions avec force et ardeur l’impasse de cette société totalisante et paralysante, je ne rechignerai pas à l’essai d’une explication du côté vain de nos efforts individuels alimentant le monde de la marchandise. Et comment résoudre les problèmes généraux alors que tout est présenté comme un danger personnel confortant ainsi un gouvernement garantissant soi-disant la sécurité ?

C’est d’un autre espace-temps dont nous avons besoin, libéré de l’argent – marchandise suprême – et du travail dont tous les partis nous cassent les parties, où l’homme et la femme n’exerceraient leur énergie qu’en activité créatrice et non en travail rémunéré, pour assouvir leurs besoins vitaux dont le plus important est la beauté.
Aussi, nous devrions reprendre une par une toutes les soi-disant « solutions » anticapitalistes telles que les coopératives, mutuelles, associations loi 1901 pour se rendre compte qu’elles relèvent elles aussi de la forme nécessaire à l’existence du trop fameux droit de propriété des moyens de production. Ce droit primordial donne des moyens décuplés pour favoriser l’accaparement et l’accumulation des soi-disant « richesses » sans se soucier des effets négatifs sociaux et environnementaux. Ces derniers sont externalisés grâce au rôle de l’État et des différentes déclinaisons du pouvoir politicien convertis en gestionnaires du pire par le tour de passe-passe du développement devenu durable, de la croissance progressant exponentiellement, de la science nous éclairant plus que jamais jusqu’à l’aveuglement.
Cette soi-disant « politique » construit à travers ses institutions tous les bons petits soldats petits-bourgeois nécessaires à la diffusion du discours religieux politico-économique. Mais ne les blâmons pas trop car comme je l’entends trop souvent, soit par ignorance, soit par malhonnêteté, les hommes et les femmes de cette Terre n’entendent rien aux chiffres dans ce « monde qui s’est fait nombre ». D’ailleurs, les politiciens de tout poil nous martèlent à longueur de temps d’antenne que nos enfants doivent savoir lire et surtout compter !
Le capitalisme est ainsi. Il a besoin de comptable et non de conteur et de poète.

Jasper Free

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