Journal intime du porte-coton de l’Élysée (1)

La nouvelle est tombée comme la foudre sur la paisible sous-préfecture des Alpes provençales. Castamaire quittait la fonction d’échevin qu’il occupait depuis 2001 pour se consacrer entièrement à celle de porte-voix et grand communicant du nouveau gouvernement Macronien.
Récompensé pour son indéfectible loyauté à Macron I^er, Castamaire est un ardent défenseur de la nouvelle loi sur la libération du labeur depuis trop longtemps emprisonné dans le carcan d’un code désuet n’autorisant pas le droit d’exploiter les besogneux à la guise des seigneurs de l’industrie. Pour un peu on graverait sur les frontons de nos manufactures la sinistre devise teutonne qui ornait le portail des camps de concentration, Arbeit macht frei…
L’objectif final étant de mettre au pas tous les pue-la-sueur et les sans-dents trop souvent tentés d’obstruer les avenues de la capitale dans de calamiteux cortèges en braillant des slogans indécents et souvent cause d’affrontements violents avec la maréchaussée…

À la cour, notre fidèle porte-voix et thuriféraire du nouveau régime autocratique ne manque pas de susciter quelques persiflages. Dans les couloirs du palais, des courtisans jaloux clabaudent et répandent fielleusement la rumeur que, compte tenu de son expérience acquise dans différents cabinets du pouvoir, il briguerait la fonction tant convoitée de porte-coton. Il pourrait ainsi mieux recueillir et diffuser à travers le royaume les vents de la communication de l’auguste postérieur se résumant à cette formule lapidaire : « parle à mon cul, ma tête est malade. »
On prétend même que le grand chambellan, Philippe le Hirsute, surveille du coin de l’œil ce rastignac aux crocs de morse, qui pourrait bien, s’il n’y prenait garde, venir lui tailler des croupières. Mais vous savez comme les gens sont méchants…

Pietruss (à suivre)